D’après une enquête du média d’investigation Disclose, ce mercredi 15 octobre, 8 colis ont été pris en charge par le transporteur UPS auprès de l’entreprise Sermat. À l’intérieur, des composants destinés à équiper les drones du vendeur d’armes israélien Elbit Systems.
Avec trois sites basés à Nanterre (92), Chabris (41) et Castanet-Tolosan (31), Sermat est une entreprise spécialisée dans la « fabrication d’électromécanismes destinés aux marchés particulièrement exigeants de l’aéronautique, de l’armement et du domaine spatial ». Comptant quelques 200 employé·es, Sermat pourrait n’être qu’une entreprise anonyme parmi d’autres. En région parisienne, à deux pas de la gare de Nanterre-Préfecture, la façade grise de son siège pourrait presque passer inaperçu. Pourtant, derrière cette apparence ordinaire se cache un profiteur de guerre, qui compte parmi ses clients essentiellement des vendeurs d’armes tels que Safran, Airbus, Dassault, KNDS ou MBDA, mais aussi Elbit Systems, l’un des principaux fournisseurs de l’armée israélienne.
L’enquête de Disclose indique que Sermat a vendu des composants de drones à Elbit de façon continue pendant toute la durée de l’offensive génocidaire israélienne entamée en octobre 2023 : ces deux dernières années, l’entreprise française aurait livré 29 alternateurs comme ceux expédiés mercredi dernier ainsi que 171 actionneurs, pour une valeur totale de 843 300 euros. Sur son site internet, Sermat donne de nombreux exemples d’usages de ses composants dans le domaine des drones : « Moteurs électriques pour la propulsion de drones de surveillance en combat urbain ; actionneurs pour la stabilisation de drones de reconnaissance ; moteurs électriques pour les systèmes d’armement de drones de combat… »
Pourtant, les composants vendus par Sermat ne seraient catégorisés par les autorités ni comme matériel militaire, ni même comme biens à double-usage, suite à une dérogation obtenue en 2012 auprès des services du ministère de l’économie. En clair, Sermat n’a eu besoin de demander aucune autorisation pour exporter des composants de drone à Israël, en plein génocide, et ces ventes ne sont comptabilisées dans aucun rapport sur les exportations de matériel militaire de la France.
Mardi 14 octobre, la veille de l’envoi de cette dernière livraison, Sébastien Lecornu, ancien ministre des armées devenu premier ministre, perdait son calme à l’assemblée nationale en répétant une énième fois face aux accusations de l’opposition qu’aucune arme française n’est allée à destination de l’armée israélienne, récusant toute participation de la France au génocide à Gaza. Cette nouvelle enquête de Disclose démonte ses affirmations et vient s’ajouter à la longue liste des composants français vendus à des fabricants d’armes israéliens : les radars de drones de Thales, les maillons de munitions d’Eurolinks, les tubes de canons d’Aubert et Duval, les roulements de chars de Timken… et ce ne sont là que les ventes directes prouvées par des journalistes d’investigation.
Face à cette complicité continue de la France, aux mensonges des dirigeants et à l’opacité totale sur le commerce d’armement avec Israël, seule notre mobilisation peut avoir un impact. Il y a maintenant deux ans, les syndicats de travailleur·ses palestinien·nes appelaient les travailleur·ses à se mobiliser sur toute la chaîne d’approvisionnement du génocide, de la production d’armes au transport.
Nous appelons les travailleur·ses de Sermat à s’opposer aux décisions commerciales coupables de leurs patrons et à refuser de produire des composants d’armes pour Israël.
Nous appelons les travailleur·ses d’UPS et de tous les autres transporteurs pouvant être concernés à refuser de manutentionner des colis pouvant contenir des armes et des composants à destination d’Israël.
Nous appelons le plus grand nombre à soutenir les travailleur·ses qui se mobilisent et à rejoindre les toutes les initiatives contre le commerce des armes avec Israël, à commencer par la grande manifestation appelée par les syndicats de l’aéroport le samedi 25 octobre à Roissy Charles-de-Gaulle.